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Histoire de la CFC
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En octobre 1992, l’assemblée générale de la C.F.C. fut exceptionnelle, à l’occasion des 25 ans de la commission, alors qu’approchaient les trente ans de Sacrosanctum Concilium (décembre 1993). Les supérieur(e)s et les responsables de liturgie des monastères furent tous invités, afin que nous puissions réfléchir ensemble sur la rénovation liturgique entreprise et encore à entreprendre et sur le rôle – était-il encore nécessaire ? – de la C.F.C. Plus d’une centaine de participants se réunissaient alors à l’abbaye du Bec-Hellouin. Mgr F. Favreau, évêque de Nanterre, près de Paris, fit le point sur la réforme liturgique initiée par Vatican II, non sans citer la lettre de Jean-Paul II pour le 25e anniversaire de la Constitution conciliaire : la réforme est terminée, mais la pastorale liturgique doit sans cesse se poursuivre. Il insista sur l’adaptation et l’inculturation, qui sont à la fois fidélité-continuité et mouvement-créativité, à la façon des arbres de nos forêts qui changent sans cesse, mais pour durer et s’enraciner. Les obstacles ne manquent pas à une saine inculturation de la liturgie, alors que la culture devient de plus en plus matérialiste et que la vie sociale se structure autrement que par la liturgie. Les monastères ont un rôle à jouer et l’évêque nous dit ce qu’il en attend : à vrai dire, il nous a communiqué quelques-unes des convictions de base dont nous pouvions faire notre profit. Après le point dressé par le président de la C.F.C. et entre deux causeries, l’une de l’abbé Duchesnau sur l’art de célébrer dans le monde aujourd’hui et l’autre de sœur Marie-Pierre Faure sur créativité et liturgie, les participants ont travaillé en différents “ateliers” sur cinq thèmes pratiques : l’année liturgique, l’hymnodie, les prières litaniques, le répertoire musical et la proclamation des lectures. Les séances de questions-réponses et la table ronde finale furent précieuses à bien des égards. La conclusion montra que la C.F.C. avait encore son utilité au service de tous.


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Il faudrait maintenant regarder ce qui s’est passé dans les communautés et comment elles ont tiré profit de ce que proposait la C.F.C. On se rend compte, à travers des résultats d’enquête ou d’autres indices, que la rénovation a été et continue d’être vécue de façon fort différente selon les communautés. On pourrait tout aussi bien dire que la communauté s’est forgé en quelque sorte un visage particulier à travers sa célébration liturgique. Le choix des chants, l’aménagement des lieux, l’horaire et un tas d’autres choses donnent un caractère particulier qui peut typer une communauté; mais plus profondément la réforme a pu être une épreuve de vérité pour certaines. Des rapports de force ont pu jouer entre les divers agents de la réforme, des options ont pu diviser… Autrefois, la liturgie était intouchable, elle était uniquement un “donné”. Il n’y avait rien à redire et chacun pouvait s’y insérer sans trop s’occuper de son voisin, sinon pour aller au même rythme ; maintenant il est difficile de ne pas réagir aux options qu’il est possible de prendre. On parle parfois de réactions intégristes ou progressistes ; pour une part, il s’agit d’une question de tempérament ou de façon de se situer et ces tempéraments existaient bien avant la réforme conciliaire. Mais la liturgie réconciliait tout le monde… et personne. Maintenant, il n’en va plus de même. La liturgie a pu être parfois, hélas, un lieu d’affrontement, elle se doit pourtant d’être un lieu de réconciliation et d’unité, un lieu d’approfondissement de la vie communautaire. Par le sacrement de l’Eucharistie – et d’une certaine manière, par toute la liturgie – la communauté devient Corps du Christ.


Sur un plan plus concret, l’on peut dire que, à part plusieurs communautés de la Congrégation de Solesmes, les monastères psalmodient en langue française. Le grégorien est maintenu plus ou moins pour l’Eucharistie, ainsi que pour les antiennes et les hymnes. Mais le répertoire des hymnes en français est suffisamment développé pour que, non seulement aux féries, mais aussi à quasiment toutes les solennités et au commun des fêtes l’on puisse chanter en français si cela est souhaité. Le manque d’enquêtes récentes ne me permet pas de dire dans quelle mesure ou quelle proportion cette possibilité est mise en œuvre.


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Un dernier mot : Nos liturgies ne sont-elles pas trop monastiques ? Nous n’oublions pas qu’elles sont “ouvertes”, dans l’ensemble, et que bien des chrétiens y prennent part, surtout le dimanche. Ils font partie de l’assemblée liturgique au titre de baptisé, tout comme les moines et moniales, certes. Il demeure que la prière liturgique d’un monastère est d’abord celle de la communauté, à laquelle s’associent d’autres personnes ; ce qui veut dire que les chants, par exemple, sont choisis dans le répertoire monastique en fonction de la communauté, tout en veillant à ce qu’ils soient accessibles à tous, au moins dans le refrain. Il est bon que tous soient invités à entrer pleinement dans la célébration, même si, en fait, ils écouteront plus qu’ils ne chanteront ; mais la participation active ne nécessite pas que tous chantent à gorge déployée. Il y a bien des façons de participer de façon vivante et fructueuse à une liturgie. En certains endroits l’on propose à un hôte de proclamer une lecture ou de préparer les intentions de la prière universelle et même l’on demande éventuellement à un groupe bien spécifique de chanter quelque chose après la communion, par exemple… Comme cela a été exprimé au cours d’une assemblée en 1987, notre accueil doit être sans condescendance ni fausse honte : «Sans condescendance : l’eucharistie, et même l’Office, en tant que prière d’Église, appartiennent à tous ceux qui s’y réunissent. Les hôtes n’ont pas à s’y sentir comme des parents pauvres, tassés dans les coins. Leur venue est une grâce du Seigneur, elle conforte la communauté dans sa grâce propre. Leur attente, pas forcément très explicite, exprime un appel spirituel adressé à la communauté par le Seigneur, ainsi qu’une confirmation de la part de celui-ci. Sans fausse honte : ce que nous leur proposons, c’est ce que nous sommes, nos valeurs, notre style. Cela leur demande un dépaysement indispensable et salutaire. Comme les communautés, ils savent que leur présence « physique » n’est pas indispensable pour que la liturgie et la vie monastique en général aient leur sens». Mais ils savent aussi qu’une communauté monastique ne célèbre pas elle-même, pas plus qu’une assemblée paroissiale : l’une et l’autre célèbrent le mystère du Christ.


fr. M.-Gérard Dubois

Abbaye de la Trappe

2007

 



 
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