Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Alors tout commence : la Vie jaillit du tombeau, plus limpide que du côté transpercé, plus vivifiante que du sein de la Vierge Marie. Dans le tombeau où ne cesse de venir expirer la soif de l'homme, la soif de Dieu est venue la recueillir. Ce n'est plus seulement la soif qui cherche la Source, c'est la Source qui est devenue soif et jaillit en elle : "Donne-moi à boire ! " ‑ "J'ai soif ! " Le fleuve de vie était en kénose dans le corps mortel de Jésus. Mais en pénétrant notre mort, il peut sourdre de notre terre dans le corps incorruptible du Christ. Le tombeau demeure le signe du point extrême de l'amour où le Verbe a épousé notre chair, mais il n'est plus le lieu de son Corps : "Il n'est pas ici", insistent les trois synoptiques. Il est devenu commencement de l'Alliance toute nouvelle de la Résurrection. Maintenant le flux et le reflux de la Pâque se rejoignent : dans le Christ ressuscité, le Verbe incarné est Homme vivant et l'homme devient fils de Dieu. En lui, la passion du Père pour l'homme est accomplie : "Tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré ! " N'allons pas nous imaginer cet événement comme étant dans le passé ! Certes, il a surgi une fois dans notre histoire : c'est un événement et non un symbole. Mais il a surgi "une fois pour toutes". Nos événements arrivent une fois, mais jamais une fois pour toutes : ils passent et appartiennent comme tels au passé. La Résurrection de Jésus n'est pas dans le passé, sinon Jésus n'aurait pas vaincu notre mort. Car la mort de Jésus, au-delà de ses circonstances historiques qui, comme elle, sont passées, est par elle-même la mort de la mort. Or l'événement dans lequel la mort est morte ne peut appartenir au passé, sinon la mort ne serait pas vaincue. En tant qu'il passe, le temps est prisonnier de la mort ; dès le moment où il en est libéré, il ne passe plus. L'heure vers laquelle tendait le désir de Jésus "est venue et nous y sommes" toujours : l'événement de la Croix et la Résurrection ne passe pas. C'est l'unique événement de l'histoire. Tous les autres événements sont morts et le seront ; celui-là seul, demeure. "Le Christ ressuscité ne meurt plus". Il n'a pas été réanimé comme Lazare, la fille de Jaïre ou le fils de la veuve de Naïm. Ceux-là ont recommencé leur existence mortelle, et finalement, sont morts sans retour. Pour le Christ et pour lui seul d'abord, ressusciter, c'est passer par la mort et, dans son humanité intégrale, passer au-delà de la mort. Il a percé le mur de la mort, et donc celui du temps mortel. Cet avènement du Verbe de Vie dans notre chair et jusqu'au creux de notre mort, mérite seul d'être appelé Événement, puisque par lui tous les murs de la mort se sont écroulés et que surgit la Vie. Cette Heure où le Verbe, dans un grand cri livre son Souffle d'amour pour que vive l'homme, n'est plus dans le passé : elle est, elle demeure, elle traverse l'histoire et la porte. J. Corbon Liturgie de source P.40-42
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